La presse nous apprend aujourd'hui que les islandais veulent bien payer leurs propres dettes, mais qu'ils refusent de payer pour l'ardoise des banques privées installées sur leur territoire, et qui ont fait faillite. C'est le verdict du deuxième référendum organisé récemment sur le sujet.
Ce problème est mondial. Les banques, lorsque tout va bien, se gavent de bénéfices grâce aux intérêts perçus, versent de beaux salaires, occupent des sièges sociaux somptueux, et enrichissent leurs dirigeants et traders par des bonus inconvenants. Quand tout va mal, elles se retournent vers les cautions et pouvoirs publics. C'est l'impôt qui est censé boucher les trous.
Quand on pense que la banque prête de l'argent qui ne lui coûte rien .....
Les critères de Bâle n'imposant que de disposer d'une fraction (un douzième) de la somme prêtée ! Les pertes ne peuvent survenir qu'en cas d'impayé.
Au niveau local, on retrouve ce phénomène de mutualisation des pertes! Au Conseil Municipal du 7 Avril 2010, à l'occasion d'une délibération concernant la caution d'un emprunt bancaire, j'ai fait l'intervention suivante :
Vous nous demandez d’accorder une garantie d’emprunt à Auvergne Habitat pour près de 5 millions d’euros
En commission, j’ai toujours été très réticent sur ces cautions, et vous m’avez toujours rassuré en disant « c’est sans risque ».
Aujourd’hui, je vais plus loin, et je dis que je suis contre le fait d’engager la Commune, et donc nos concitoyens sur des sommes aussi élevées.
En effet, si c’est sans risque, pourquoi la banque réclame-t-elle une caution ?
Il y a un risque et je vais vous expliquer lequel. Mais auparavant je vais vous expliquer le bénéfice que tire la banque d’avoir une caution de notre part.
Ayant une caution telle que celle qui s’appuie sur le contribuable, la Banque n’a pas à constituer de réserves pour faire face à une défaillance de son emprunteur. Et donc les intérêts – lorsqu’il s’agit d’une banque commerciale, ce qui n’est pas le cas ce soir - lui servent intégralement à verser des salaires mirobolants à ses dirigeants, et à verser les fameux BONUS. Oui, notre caution sert indirectement à verser des BONUS, lorsqu’il s’agit d’une banque commerciale, je précise.
Alors quel est ce risque que nous prenons et que la banque ne veut pas prendre, alors que c’est son rôle, et qu’elle veut reporter sur le contribuable ?
Nous prenons le risque d’un enchaînement fatal qui est le suivant :
o Contexte de Mondialisation
o Délocalisations de la Production
o Désindustrialisation du Pays
o Chômage de masse
o Indemnisation Chômage forcément en baisse
o Impossibilité à payer les loyers pour un grand nombre de locataires de ces logements sociaux, touchés par un chômage mal indemnisé
o Impossibilité de rembourser les emprunts pour les bailleurs
o Appel par les Banques envers les cautions, c’est-à-dire la Commune.
o Situation financière insupportable pour la Commune.
Si vous ne pensez pas au risque de défaillance de Auvergne Habitat, croyez-moi, le banquier y pense à votre place. Il veut bien prendre les intérêts, mais pas le risque.
Je suis contre cette caution demandée ce soir, et je demande même un plan pluri-annuel de réduction progressive de la masse cautionnements accordés.